23 février 2007

Pâté de campagne présidentielle 2007 - Mise en appétit

Selon un récent sondage dont je n'arrive plus à retrouver les références, 79 % des Français ne savent pas pour qui aller voter à l'occasion de l'élection présidentielle de cette année 2007. On feint de s'en étonner alors que c'est chaque fois la même chose. Les désillusions suite aux promesses non tenues des candidats élus et les suspicions sur les promesses faites par les prétendants actuels suscitent une légitime appréhension de la part des électeurs. Pour expliquer ce désarroi, une petite analyse critique de notre système politique s'impose.

Le régime présidentiel voulu par le Général de Gaulle (un militaire de haut rang donc) avec la Constitution de la 5e République (écrite sur mesure par son aide de camp Michel Debré) n'était (et n'est toujours) qu'une dictature molle où le principe de l'élection au suffrage universel du Président de la République donnait l'illusion d'une démocratie moderne. Mais là où le Président-Général donnait encore quelques gages aux principes démocratiques en recourant notamment au référendum devant les Français pour valider ses orientations politiques, ses successeurs ont confisqué le pouvoir que leur avait donné le peuple en privilégiant la voie gouvernementale au détriment du Parlement et de la consultation populaire. Cet hold-up a conduit à une autocratie qui décribilise chaque jour un peu plus l'action politique et ceux qui en sont les représentants élus.
Quel est le bilan de Chirac après 12 ans à l'Elysée ? Nul. A quoi sert donc aujourd'hui l'élection présidentielle, si ce n'est à sauver les apparences que nous sommes toujours en démocratie ?

Contrairement aux autres pays développés, le Parlement (Assemblée nationale et Sénat) n'est au mieux qu'un lieu de réflexion (on y pond parfois d'intéressants rapports) et au pire et hélas bien trop souvent qu'une chambre d'enregistrement où les élus du peuple, la plupart cumulards de mandats locaux, manifestent leur existence en faisant les guignols devant les caméras de télé lors des séances des questions d'actualité. Si quelqu'un connaît le député de sa circonscription et son bilan, je suis preneur !

Notre système politique est totalement sclérosé et malgré les appels de certains (Montebourg, Bayrou, Voynet, Buffet, Bové...) pour aller vers une Sixième République, on ne sent pas une grande aménité de la part des dirigeants en place et sans doute futurs à vouloir vraiment changer les règles, de peur de s'ouvrir au régime démocratique tel qu'on est en droit d'attendre ("pour le peuple et par le peuple") et qui aurait tôt fait de mettre à mal leurs carrière et carriérisme politique.
Or, la crise en France n'est pas tant économique qu'institutionnelle : c'est parce que nos institutions sont faibles et nos élites politiques accros au pouvoir et aux prébendes offertes que l'économique commande au politique. La fameuse phrase du Premier Ministre Jospin sur son impuissance face aux licenciements chez Michelin en 1999 est emblématique de la démission du politique à l'égard des logiques économiques et surtout financières.

La mondialisation (sans garde-fous) présentée comme allant dans le sens de l'histoire et comme explication exogène aux difficultés de notre pays est une argutie répétée à l'envi pour masquer l'incompétence de nos élus et leur absence de volonté à s'auto-réformer. Le système profite à quelques-uns au détriment de tous les autres mais c'est toujours aux autres que l'on demande de s'adapter, de faire des efforts, en invoquant l'immobilisme des Français face au monde merveilleux du néo-libéralisme, le corporatisme des salariés du public, le surnombre de ces fainéants de fonctionnaires, le refus des sacrifices face à la joie et au bonheur de la flexibilité salariale et des emplois jetables, seul rempart contre les délocalisations, l'impossibilité de privatiser librement, etc.

Bref, "le chacun pour sa gueule" érigé en dogme de l'action politique est la seule voie possible à l'alternative "se soumettre ou se démettre". Cette vision des choses est de moins en moins partagée par une majorité de Français et leur défiance vis-à-vis de la mascarade électorale actuelle est on ne peut plus justifiée.

La politique politicienne a pris le dessus sur la vraie politique où le débat idéologique tenait lieu de socle de discussion et de choix des candidats (voir les confrontations télévisées Mitterrand-Giscard). L'adhésion (aveugle) des deux plus grands partis que sont le PS et l'UMP au système capitaliste et au libéralisme efface les différences idéologiques. A tel point qu'aujourd'hui, c'est la forme qui l'emporte sur le fond pour distinguer les différents candidats entre eux et il est parfois difficile de savoir qui s'exprime au nom de qui. Ainsi, lorsque Ségolène Royal, tout comme Jospin déjà en 2002, rechigne à dire que son programme est socialiste, on se dit que le Parti socialiste devrait se rebaptiser "Parti libéral de gauche" ou comme en Allemagne, "Parti social-démocrate".

Face à cette tendance au bipartisme, les "petits" partis ont bien du mal à exister et à coexister. Malgré l'affichage de convictions plus radicales, ils sont trop nombreux pour être identifiés donc crédibles. On dénombre ainsi : 4 partis anti-libéraux (PCF, LCR, LO, Bové and co), 4 à tendance écolo (Les Verts, Cap 21, MEI, La France en action), 2 qui se tirent la bourre sur les immigrés (FN, MPF), 1 qui chasse sur toutes les terres (CPNT), sans compter la nébuleuse des inconnus et farfelus comme le "Parti du plaisir" (sic) dirigé par une certaine Cindy Lee, poupée barbie tout en silicone, surtout à l'avant et qui propose avec ses copines de régler en nature tout parrainage d'élus en sa faveur !

Comme d'habitude, les medias et leur arme favorite, le sondage d'opinion quasi quotidien, tentent de focaliser le débat sur les deux têtes d'affiche UMPS que sont Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Sauf que, voyant l'exaspération des électeurs face au prêt-à-penser proposé, Bayrou s'est invité dans la partie en jouant la carte de la synthèse droite/gauche, balle au centre, et se rêve en outisder pour le deuxième tour, voire carrément élu (parole de la Vierge Marie, dixit Pasqua...).

Mes chers lecteurs-citoyens, ne vous prenez plus la tête. Je suis là. En effet, je vous propose de vous apporter ma modeste contribution en passant en revue nos candidats afin que vous puissiez choisir en toute connaissance de cause. Je vous avertis tout de suite : je peux ne pas être d'une totale bonne foi mais c'est ce qui permettra, j'espère, le débat.

Pour ma part, j'ai déjà fait mon choix mais je ne le vous révèlerai qu'à la fin de ce blog de pâté de campagne présidentielle, soit juste avant le premier tour, hé hé hé...

Le premier candidat à passer à ma moulinette de charcuterie fine sera une candidate en la personne de Dominique Voynet (Les Verts). On l'applaudit bien fort et on l'encourage parce qu'elle en aura bien besoin.

A table !