26 septembre 2008
Vous avez dit bug ? Comme c'est Bigard...
Dire ce que l'on pense est-il devenu un acte héroïque ? Au vu des réactions déchaînées dans la presse qui ment à chaque fois qu'un homme public, qu'il soit artiste, journaliste ou homme politique, exprime des doutes sur la version officielle des attentats du 11 septembre 2001, on serait tenté de le croire.
En tout cas, pour un artiste, il vaut mieux le faire de façon discrète comme sur un blog ou de façon détournée comme Christophe Alévêque qui en dit beaucoup avec ce sketch joué non pas en France (pas fou l'gars) mais à Montréal et diffusé sur France 2 dans le cadre du festival "Juste pour rire".
Avant la bombe médiatique inattendue de Jean-Marie Bigard sur les mensonges de la version US qui a affolé le microcosme médiatique parisien car Bigard est un ami personnel de Sarkozy et qu'il est très populaire chez les employés et les ouvriers, soit la base de l'électorat de droite et de soutien à l'UMP, on se souviendra des attaques contre Marion Cottillard qui s'est faite incendier par la presse parce qu'elle exprimait des doutes et également de Dieudonné qui n'existe plus médiatiquement sauf quand il est condamné ou qu'il fricote avec Le Pen. Ce qui est nouveau avec Bigard, c'est que s'il s'est excusé (sans doute sur pressions), il ne s'est pas rétracté et a, au contraire, enfoncé le clou au 19-20 de France 3. De quoi de nouveau alimenter le buzz sur Internet et élargir la base des sceptiques.
Tous les médias (télé, radio, presse) ont tenté de circonscrire l'incendie Bigard mais on voit bien que c'est en pure perte. Des gens qui n'avaient aucune opinion sur le sujet et se contentaient sans broncher du complot islamiste se réveillent et commencent à sérieusement douter (il suffit de lire les commentaires dans les différents forums liés aux articles sur le sujet dans les grands journaux où l'on compte maintenant au moins 80 % de sceptiques malgré les efforts des débunkers qui ne savent plus où donner de la tête).
Des artistes qui osent exprimer des opinions différentes de la pensée dominante ne sont quand même pas légion. Un électron libre a mon admiration : le saxophoniste de jazz israélien Gilad Atzmon qui s'en prend régulièrement aux gouvernants sionistes de son pays et remet en cause l'identité juive qui est une pure création politique (le lien va vers une récente émission de "Là-bas si j'y suis" consacrée à la sortie d'un livre d'un historien israélien sur les origines et la construction du peuple juif) et ne repose sur aucun fondement ethnique ou racial de sorte que l'accusation d'antisémitisme lancée à tout bout de champ pour faire taire ceux qui critiquent Israël, les Etats-Unis, le capitalisme, le libéralisme ou le TCE, n'a aucun sens.
Si les artistes sont peu nombreux à dire des vérités qui dérangent, il y a encore moins de journalistes dont c'est pourtant le métier. Aux Etats-Unis, pays référent de la liberté d'expression, seuls quelques éditorialistes couillus osent braver l'interdit à l'instar de Keith Olbermann sur NBC. C'est un habitué des diatribes envers les Républicains et la clique Bush mais sa récente sortie sur le 11 septembre a quand même entraîné sa mise directe (provisoire) au placard par sa hiérarchie alors qu'il est une vedette de la chaîne.
Le pompon de l'autocensure reste indubitablement la France où il est interdit d'émettre une quelconque opinion critique sur les attentats du 11/09. Ainsi, le directeur de la rédaction et le rédac' en chef de la chaîne internationale France 24 se sont faits virer pour avoir oser laisser diffuser un débat pseudo-contradictoire sur le sujet !
Le traitement de nos médias sur cette question est assez unique in the world et révélatrice d'une presse qui brille par sa lâcheté et la médiocrité de ses pseudo-journalistes. Même des journaux critiques du pouvoir comme Le Canard Enchaîné, Le Monde Diplomatique ou Bakchich Info sont tous alignés sur la version officielle (une explication de ces comportements ici) et traitent eux aussi de malades mentaux les soi-disants conspirationnistes (la France, terre d'asile au sens propre ?)... Vive la liberté de la presse !
Pourtant, c'est bien grâce à un journaliste français que le mouvement pour la vérité sur le 11/09 est apparu. Quand Thierry Meyssan (bouh !) a levé le premier le lièvre des incohérences de la version officielle à peine une semaine après les attentats, on l'a d'abord écouté (invité chez Ardisson en 2002 pour parler de son livre "L'effroyable imposture" vendu à 300 000 exemplaires !) puis devant l'ampleur du scepticisme qu'il pouvait générer au niveau mondial, il a été vilipendé (surtout parce qu'il révélait que Baudis avait été le représentant en France de Carlyle, le fonds d'investissement de la CIA) puis banni à vie en France et dans les pays de l'OTAN (aux USA, il est considéré comme un terroriste !) et contraint de s'exiler au Liban (protégé par les services secrets français sous Chirac, sa vie était menacée depuis l'arrivée au pouvoir de Sarkozy, homme de paille des néocons "israélicains" qui viennent de lui remettre des mains de cet "humaniste" de Kissinger et par l'intermédiaire de la fondation Elie Wiesel le prix hallucinant d'"Homme d'Etat de l'année" !).
La décrédibilisation des médias traditionnels est totale et plutôt que de se remettre en cause, ils préfèrent la fuite en avant vers le mensonge érigé en vérité absolue et les amalgames de type fascisant comme celui du lien infamant et définitif "conspirationniste = anti-américain = antisémite". C'est gratuit, totalement irresponsable mais répété à l'envi pour tenter de discréditer ceux qui osent penser par eux-mêmes et non par l'intermédiaire de grands penseurs que le monde entier nous envie comme BHL, Minc, Finkielkraut, Glucksmann, Val, pour ne citer que les incontournables faiseurs d'opinion formatée à la sauce néo-libérale du capitalisme mondialisé (et qui aujourd'hui vit ses dernières heures avant sa banqueroute totale et ses conséquences hélas sociales).
Quoi qu'on en dise, la seule façon aujourd'hui de s'informer équitablement et conserver encore un peu de liberté, reste Internet, soit par les quelques rares sites d'informations alternatives comme le Réseau Voltaire du méchant Meyssan ou le site Mondialisation, dirigé par un universitaire québécois, les médias citoyens comme Agoravox (article vidéo sur la panique des médias sur l'incident Bigard), leweb2zero, les forums et les nombreux blogs (exemple celui-là) qui ne sont contrôlés que par ceux qui le font (d'où des mesures orwelliennes pour surveiller Internet ou des lois scélérates comme la LEN ou d'autres en préparation).
La marmite est en train de sérieusement bouillir et compte tenu de la crise économique digne de celle de 1929 qui déboule, soit le peuple fait la révolution (en commençant par une grève générale par exemple), soit les gouvernements néocons en place aus States et en Europe nous déclenchent une guerre thermonucléaire, au hasard contre l'Iran, qui signera la fin du monde prophétisée dans plusieurs textes tout au long de l'Histoire avec une date commune : 2012...
C'est la lutte finale, groupons-nous et demain... Rêvons, rêvons mais ne restons pas endormis !
20 avril 2007
Pâté de campagne présidentielle 2007 - Faites vos jeux, les jeux sont faits (2ème partie)
Petit homme deviendra grand
Son vrai nom c'est Sarközy de Nagy-Bosca. C'est hongrois et ça veut dire "petit endroit marécageux". Un nom prédestiné. Physiquement, avec ses yeux de chien battu, il me fait penser à Sylvester Stalone, les muscles gonflés à l'hélium en moins bien sûr. On le présente souvent comme un excité. Il est vrai qu'il a plein de tics nerveux (notamment au niveau de la bouche et des épaules) et qu'il ne reste jamais en place (quand il est en mouvement, on voit moins qu'il fait 1m58). Peut-être que parce que c'est un homme pressé. Dès l'âge de 11 ans, à la question "qu'est-ce-que tu aimerais faire plus tard ?", il répond "Président de la République", comme De Gaulle qui est à l'époque au pouvoir.
Sarkozy est né en 1955 d'un père publicitaire issu d'une famille noble et catho hongroise et d'une mère fille d'un médecin juif converti au catholiscisme (ce qui permettra plus tard à Sarkozy de draguer l'électorat juif en rappelant cette filiation) qui, après que son mari volage se soit fait la malle, est devenue elle aussi avocate. La scolarité du petit Nicolas démarre mal puisqu'il redouble sa sixième. Surmontant avec courage ce premier échec, il se lance comme sa mère dans des études de droit. Pour payer ses études, il fait des petits boulots et expérimente déjà son idée de travailler plus pour gagner plus. Après une maîtrise de droit privé (1978), il rentre à l'IEP de Paris mais en ressort sans diplôme à cause d'un zéro pointé éliminatoire en anglais (depuis, il a fait peu de progrès mais a réussi à séduire les américains). Finalement, il réussit le concours d'avocat (1981) et devient assez rapidement associé d'un gros cabinet spécialisé en droit immobilier qui va lui assurer de belles rentes annuelles (240 000 euros de dividendes perçus en 2002 !). Il se marie une permière fois en 1982 avec une corse et prend comme témoin de mariage, Charles Pasqua, à propos duquel il déclare qu'il est "son double" (l'accent en moins). En 1989, il pique la femme à Jacques Martin (qui n'en est plus à une près), Cécilia, et l'épouse en 1996 avec comme témoins prestigieux Martin Bouygues et Bernard Arnault (soient deux des plus grosses fortunes de France et tous deux à la tête d'un empire médiatique).
Son engagement politique est précoce. Il a à peine 20 ans lorsqu'il assiste à son premier meeting politique pour soutenir Chaban à l'élection présidentielle de 1974. Adhérent du RPR à sa création en 1976, il devient conseiller municipal de Neuilly-sur-Seine en 1977 puis maire de cette ville en 1983 après le décès prématuré de son prédécesseur et au nez et à la barbe de Pasqua qui en briguait le fauteuil. Le bal des trahisons vient de commencer et avec lui l'ascension fulgurante de Sarkozy : en 1983 en plus de maire, il est élu au conseil régional d'Ile-de-France (jusqu'en 1988) puis en 1985 au conseil général des Hauts-de-Seine (le département le plus petit et le plus riche de France) présidé par son premier mentor Pasqua jusqu'en 2004, date à laquelle il "cède" sa place à Sarkozy.
A côté de ses mandats locaux, il exerce des responsabilités nationales : député de Neuilly dès 1988 et constamment réélu au 1er tour, il est nommé ministre du budget et porte-parole du gouvernement par Baladur après le raz-de-marée de la droite aux élections législatives de 1993. 1993 est une grande date pour Sarkozy : première entrée dans un gouvernement et héros national avec la prise d'otages de l'école maternelle de Neuilly par un désespéré qui a fait croire qu'il était ceint d'explosifs et qui a été abattu comme un chien par le RAID alors qu'il aurait pu être maîtrisé sans bain de sang (en utilisant des balles hypodermiques par exemple). Pour remercier Baladur, Sarkozy décide de le soutenir contre Chirac lors de la présidentielle de 1995. Cette trahison qui sera un fiasco lui coûtera cher : privé de poste dans le gouvernement Juppé et disgrâce (passagère) au sein du RPR.
Ce petit homme ayant plein de ressources, il se refait une virginité en devenant porte-parole du RPR de 1995 à 1997, puis président par intérim en 1999, date à laquelle il conduit la liste RPR-Démocratie Libérale aux élections européennes de 1999 avec comme résultat une belle branlée (pourvu que l'histoire se répète ?).
Défait mais pas mort, Sarko entreprend une traversée du désert pendant laquelle il reprend son activité d'avocat et tisse son réseau d'influence qui s'étend jusqu'aux Etats-Unis. Le score africain de Chirac en 2002 lui laisse espérer Matignon mais il n'aura "que" le ministère de l'Intérieur où il s'emploie à ériger un Etat policier (par la loi sur la sécurité intérieure de 2003 complétée par la loi Perben, le fichage ADN est étendu à tout individu soupçonné d'un délit autre que financier...).
La défaite de la droite aux élections régionales et cantonales de 2004 amène à un mini remaniement ministériel dans lequel Sarkozy quitte la Place Beauveau pour Bercy où il se fait remarquer en recevant le scientologue Tom Cruise. Dans le même temps, il fait main basse sur l'UMP avec un score "à la Chirac" de 85 % des voix et met en scène son élection comme Napoléon lors de son sacre. Après le "non" au référendum sur le TCE, Chirac qui en bon gaulliste aurait dû démissionner vire plutôt cet incompétent de Raffarin-tintin et le remplace par son chien fidèle Ville(perlinpin)pin. Sarko qui ronge son frein hérite d'un ministère énorme (Intérieur et Aménagement du Territoire) avec le grade de n°2 du gouvernement. Surtout il cumule le poste de patron de parti et de ministre d'Etat, ce que Chirac avait interdit en 2004 (mais bon, c'est Chirac, hein ?). Le vrai patron de la France, c'est lui et il faut toute la fourberie de Chirac pour le freiner dans ses ardeurs.
Aujourd'hui, le petit Nicolas est devenu puissant, très puissant depuis qu'il a reçu le soutien (politique, militaire et financier) des maîtres du monde (traduire les néocons américains). C'est surtout en cela que Sarkozy est inquiétant car il admire tant les Etats-Unis qu'il est prêt à leur offrir la France...
Si Sarkozy fait peur, aux citoyens de base mais aussi aux médias, certains ont compris que cela pouvait aussi être lucratif. Exemple avec le journal bayrouiste Marianne qui lui a consacré dans son numéro du 14 au 20 avril tout un dossier qui a eu tellement de succès qu'ils ont été en rupture de stock en 48h (300 000 exemplaires vendus) ! Comme quoi le bizness de la peur marche pour ceux aussi qui la dénoncent.
Travailler plus pour se faire niquer plus
C'est son slogan favori : "travailler plus pour gagner plus". En tant que libéral, la réduction du temps de travail n'est absolument pas une avancée sociale permettant à l'homme de gagner plus de liberté. C'est au contraire une hérésie économique qui va à rebours du mouvement mondial. D'ailleurs il le dit et donc il faut le croire : "La France (cette grosse feignasse) est devenue le pays qui travaille le moins en Europe". Pour être le meilleur, il faut travailler plus et tant pis pour la productivité, seul vrai indicateur à mesurer la performance au travail. Hors dans ce domaine, la France est championne d'Europe.
Cette mesure sensée revaloriser le travail ne s'adresse cependant pas aux cadres qui croulent déjà sous les heures sup' (et que Sarko promet de revaloriser de 25 % de plus) mais plutôt aux employés et ouvriers travaillant dans le secteur concurrentiel. Combien de personnes ont dû accepter de travailler plus et donc gagner moins pour conserver leur emploi suite à la menace d'une délocalisation ? Par ailleurs, bosser plus quand on est manoeuvre ou VRP avec des salaires au ras des pâquerettes la plupart du temps est synonyme de mise en péril de sa santé, de réduction des loisirs et de fin d'implication dans la sphère associative. Le retour à l'aliénation au travail chère à Taylor et à Ford. Comme si l'abrutissement médiatique ne suffisait pas, Sarkozy croit bon d'y ajouter l'abrutissement par le travail. Vive l'esclavage !
Sarkozy est optimiste. Grâce à lui, il souhaite (il ne s'engage pas, nuance) atteindre le plein emploi en moins de 5 ans. Sachant qu'avec l'effet conjugué de la baisse de la démographie et du papy boom, le nombre d'entrants sur le marché du travail baisse, que les statistiques du chômage seront toujours autant bidouillées et que Sarkozy veut obliger à travailler ceux qui refusent l'emploi qu'on leur propose, on peut penser qu'il arrivera à atteindre cet objectif. Comme aux States, son modèle...
Sarko et Ségo sont dans un bateau
Les similitudes dans les programmes sont flagrantes : protection sociale, logement, famille, retraites, Europe, délocalisations, services publics dans les quartiers et milieu rural. On est en plein copier-coller. Mais Sarkozy est plus explicite que Royal dont le texte de propagande est assez indigent. Ségo, c'est du Sarko light. Quand Ségo parle d'odre juste, Sarko lui répond : "je considère que l'autorité et le respect sont des valeurs fondamentales de notre société". Mais bon, Ségo n'est pas Sarko, elle ne va pas - ou en tout cas ne le dit pas - aussi loin que lui.
No limits
C'est finalement ce qui dérange chez Sarkozy. On a l'impression qu'il n'a aucune limite. Exemple avec son projet de ministère de l'immigration. Outre le tollé qu'il a suscité à gauche mais qui a ravi Le Pen et De Villiers, Sarkozy s'est défendu (sur TF1) en disant que la France était le seul pays d'Europe occidentale (à 15) à ne pas avoir ce type de ministère et que bon sang de bois, ce n'est pas normal qu'on soit encore à la traîne. Vérification faite par l'émission Arrêt sur image, un seul pays - l'Angleterre - a un ministère tel qu'en rêve Sarkozy. On aurait préféré que ce soit les socialos qui fassent le boulot mais ç'a en dit long sur leur ignorance...
De même concernant son emprise sur les médias. Sarkozy est l'ami de tous les grands patrons de presse et de chaînes TV et radio. Il peut faire virer du jour au lendemain un journaliste connu et reconnu (Génestar de Paris Match, le rédac' en chef du Figaro), interdire la publication d'un livre présentant sa femme sous un jour peu flatteur. Mais il peut très bien ne rien faire et ses voeux sont tout de même exaucés. Exemple avec cette censure subie par Laurent Bazin, présentateur-vedette sur la chaîne i-télé (Canal+/Vivendi).
Le pouvoir de Sarkozy est réellement démesuré. Des rumeurs d'attentats à la sauce rance Al Qaïda circulent sur le net. Le mollah Omar, toujours en vadrouille sur sa mobylette Pigeot 104, a lancé un avertissement aux forces armées stationnant en Afghanistan de s'en retirer au plus vite. La France est bien sûr visée. Si attentat il devait se produire, il serait ainsi justifié par le non respect de l'ultimatum. Mais Sarkozy qui peut compter sur la CIA et le réseau Gladio pour commettre ce genre d'horreur sur notre territoire peut aussi se la jouer sauveur, comme Chirac en 1986 avec les otages du Liban. Deux membres français d'une ONG intervenant en Afghanistan sont menacés d'être décapités par leurs ravisseurs si la France ne retire pas ses troupes d'ici une semaine. Une libération opportune par une action conjointe franco-américaine entre les deux tours permettrait, à n'en pas douter, de glorifier Nicolas Sarkozy qui pourrait ainsi mettre en avant sa crédibilité internationale et sa lutte efficace contre le terrorisme. Bref, ce ne sont certes que des hypothèses mais...
Ce qui est certain, c'est qu'il faut être totalement abruti ou menacé de mort pour voter Sarkozy. Bush a réussi à être élu en 2000 et 2004 grâce au trucage des machines de vote électronique. En France heureusement, le vote électronique sera marginal, donc pas de tricherie possible au niveau des résultats finaux. Il y a donc de l'espoir...
Orange, oh des espoirs
En fait, le résultat du vote Sarkozy va être conditionné par les électeurs de droite qui conscients du risque que Sarkozy incarne pour la démocratie se tourneront vers le ton au-dessous, à savoir Bay-mol. Bayrou, qui a adopté les couleurs emblématiques de la révolution orange (Ukraine, etc.), se dit au centre mais comme le centre est à droite, il est donc de droite. Le problème peut-être c'est que le programme de Bayrou est plus à gauche que celui de Ségolène Royal. On peut dès lors penser que les socialos anti-Royal voteront Bayrou comme l'ont appelé les traîtres Rocard, Kouchner et Allègre (proche de Jospin) qui, lui, a carrément rallié le révolté du Béarn.
Bayrou peut vraiment créer la surprise. Avec son image de looser, il a pas mal de crédit dans les banlieues abandonnées. Il a réussi à draguer les écolos tendance Hulot (ceux de droite, quoi). Son argument de rassemblement est porteur parce qu'il tape autant sur l'UMP que sur le PS qu'il accuse d'avoir bloqué le changement dont chacun aujourd'hui se réclame. Il propose donc une espèce de paix des braves où tout le monde se donnerait la main et irait d'un même pas vers des horizons communs de joie et d'espérance. C'est beau comme du Jean-Paul II ou du Benoît XVI. Amen !
Messie ? Mais euh
Bayrou Président ? Pfff, personne n'y croit (Jésus Marie Joseph) mais ouaille note ? Finalement, c'est le moins pire. OK, il est libéral, il fréquente des milieux louches bien connus des conspirationnistes comme la Commission Trilatérale, il est catho (comme Sarko et Ségo), il fait croire qu'il est agriculteur parce qu'il sait conduire un tracteur, il est atlantiste (comme les autres), il possède des chevaux de course (qui lui rapportent pas mal). Mais à part ça, il est tout à fait fréquentable. En plus, il est du coin, c'est un aquitain.
Son programme fourre-tout donne le tournis : pas moins de 18 thèmes développés avec des idées intéressantes. Mais de la théorie à la pratique, hein, y'a souvent un fossé qu'on essaye de combler lors de l'échéance électorale suivante en promettant le changement, le vrai.
En fait, Bayrou représente quand même un danger pour la démocratie, en tout cas dans sa dimension pluraliste. En effet, s'il gagne, il pourrait se constituer un parti libéral tentaculaire qui occultera tous les autres partis non affiliés à cette idéologie. La pensée unique qu'il pourfend deviendrait alors paradoxalement dominante. Cela permettrait d'un autre côté aux anti-libéraux de se recomposer eux aussi en pôle uni, donc plus fort et plus audible qu'aujourd'hui, ce qui pour le coup redonnerait un nouvel élan à la vie politique et de nouveaux espoirs d'un monde meilleur pour les perdants de la farce capitaliste néolibérale.
Et moi dans tout ça ?
Pour la première fois de ma vie, je n'irai pas voter. Chaque fois, on nous fait le même coup que voter peut changer la vie. Au niveau local, je suis d'accord. Au niveau national, c'est une mascarade, un hold up. Cela ne sert qu'à légitimer une personne et/ou un camp. En 2002, les Français ont cru au changement, au gouvernement d'union nationale tel que nous le vend aujourd'hui François Bayrou. On a vu le résultat. Pourquoi cela serait soudainement autrement ? Pour cela, il aurait fallu changer les règles de fonctionnement de la République qui aillent dans un sens plus démocratique (interdiction du cumul des mandats en nombre et dans le temps, proportionnelle, abrogation du Sénat, accroissement des pouvoirs du Parlement et affaiblissement des pouvoirs du Président, etc.). C'est le contraire qui s'est passé. Tout est verrouillé et ce sont toujours les mêmes qui en profitent. Je vois mal comment on pourrait inverser les choses avec les principaux prétendants actuels en dépit des promesses de campagne.
Mais ne pas voter n'est pas un acte d'abandon de mon devoir de citoyen. Au contraire. J'ai envie de m'engager. Et pour commencer au niveau local. Combien d'entre nous suivons ce qui se décide dans le conseil municipal de notre commune, au conseil général, au conseil régional ? Personnellement, je fais cet effort en lisant les journaux et les délibérations publiées, lorsque c'est le cas, sur les sites Internet des collectivités locales concernées. Mais je n'ai encore jamais assisté à une séance de conseil. J'ai décidé désormais de le faire. Et d'en rendre compte dans ce blog. Avant de me lancer un jour comme candidat à une élection.
Mon slogan : reprenons la politique aux politiques !
D'ici là, à vos commentaires pour les résultats du 1er tour...
18 avril 2007
Pâté de campagne présidentielle 2007 - Faites vos jeux, les jeux sont faits (1ère partie)
Intro globale
Plus que quelques jours avant l'épreuve. Les candidats sont fébriles et jettent leurs dernières atouts dans la bataille qui s'annonce. Une bataille pour être au sommet, pour être le premier de tous les Français. Et pour les plus ambitieux, tous les coups sont permis, de préférence les bas. Pour rassembler le maximum de suffrages, il faut savoir jouer de séduction et de démagogie. Chacun y va de son "vote utile". Votez pour moi et je vous promets le changement :
- Sarkozy lance début janvier "j'ai changé" sans préciser de quoi...
- le slogan de Ségolène Royal commence par : "Avec vous, le changement. Le vrai"
- dans son programme, Bayrou se présente comme "le candidat qui peut apporter un vrai changement dans la vie politique française".
Tous veulent le changement. Qui est contre ? Vu la situation de précarité qui est devenue la règle dans notre pays, hormis la bourgeoisie (petite et grande) qui s'enrichit sur le dos des travailleurs grâce aux dividendes des actions qu'elle possède dans les entreprises du CAC 40, tout le monde souhaite que cela change en sa faveur. Le vrai changement aujourd'hui passe par la révolution. Des idées, des pouvoirs, des représentations sociales, des mentalités, des générations et notamment celle des soixante-huitards, arrogants petits bourgeois qui sont devenus les véritables fossoyeurs de la République et de ses valeurs humanistes et d'espérance. Si Sarkozy, Royal et Bayrou n'étaient que des ados en 1968, ils en sont tout de même les produits. Peut-on croire à leurs désirs et/ou volontés de changement ?
On peut fortement en douter. Tout d'abord parce qu'ils ont en commun, hormis de payer tous les trois l'ISF, la croyance en la croissance, seul moyen disent-ils de faire baisser le chômage et de relancer l'ascenseur social. Ce credo là existe depuis plus de 20 ans et on a vu le résultat. L'augmentation des richesses n'a pas profité à tout le monde et a au contraire accru les inégalités et les gaspillages, remettant en cause non seulement notre modèle social mais aussi les principes démocratiques de représentation et de contrôle. Aujourd'hui, c'est une oligarchie financière alliée à une nomenklatura intellectuelle, médiatique et politique qui est en train de mettre à sac la société et la planète. Sarkozy, Royal et Bayrou en font bien sûr partie et malgré leurs discours rose bonbon ne se donnent absolument pas les moyens de s'attaquer aux maîtres du monde qui imposent leur diktat à l'ensemble du corps social. L'analyse de (la vacuité de) leurs programmes est assez éclairante sur leurs intentions réelles de changer la société.Comme disait Coluche dans son sketch sur le philosophe arabe : "Ahmed, il dit toujours : li changement c'i quand on prendra li z'arabes en stop. Il est pas arrivé le pauv' mec !" Nous non plus.
Etant donnée la personnalité des derniers candidats en lice, je les scannerai un à un. Pour démarrer, honneur aux femmes avec celle qui se voit Reine Présidente : Ségolène Royal.
Toc, toc, c'est pour un sondage
Le Pen la voyait déjà candidate en 2005. Moi, c'était en mars 2004 (un mail en atteste). Voyant ? Pas du tout. Nez creux plutôt. A cette époque, sur France Inter, on commentait un sondage sur l'idée d'une femme candidate à la prochaine élection présidentielle et c'est Ségolène Royal qui arrivait première. Ce type de sondage relayé par une radio n'est jamais anodin : c'est une préparation des esprits, le début du lancement d'une campagne marketing autour d'un concept innovant en France, une femme présidente. Dans un parti dominé par une guerre fratricide des courants et très peu ouvert aux femmes, cette idée n'était pas gagnée d'avance. Elle était même osée. Pour l'imposer, on a appliqué exactement la même stratégie que lorsqu'on lance un nouveau produit sur le marché. Comme ils disent dans les reportages à la gloire du grand Capital sur M6, "voyons comment !"
Il était une fois Ségolène...
Fille d'une famille nombreuse et de militaires (dont son fameux frangin qui a participé à la piètre expédition du Rainbow Warrior), Ségolène naît à Dakar le 22 septembre 1953 et est elevée dans la rigueur morale et déjà dans l'idée de l'ordre juste. Brillante élève, elle fait l'ENA où elle rencontre le joufflu et binoclard François dont elle tombe éperdûment amoureuse avec comme résultat 4 gosses, qu'elle brandit aujourd'hui fièrement en tant que mère modèle (hum...). A l'époque, Ségolène est déjà très sérieuse et se fait remarquer par (l'incontournable) Jacques Attali qui l'embauche comme conseillère technique au secrétariat général de l'Elysée de 1982 à 1988. Mitterrand qui n'est pas insensible à son charme la parachute dans les Deux-Chèvres où elle se fait élire de justesse députée en 1988. Puis Ségolène prend l'ascenseur social : ministre de l'environnement en 1992, avocate (tiens, comme Sarko) en 1994, ministre déléguée à l'enseignement scolaire de 1997 à 2000, ministre déléguée de la famille de 2000 à 2002, présidente de la Région Poitou-Charentes depuis 2004. En fait, tout part de ce dernier événement. Une femme, présidente de région, c'est pas banale (il y a déjà pourtant eu une précédente en la personne de Marie-Christine Blandin, présidente Verte à la région Nord-Pas-de-Calais de 1992 à 1998 et qui, c'est rigolo, est née le même jour que Ségolène à un an près) et cela mérite d'être exploité.
La femme qui tombe à pic
Donc c'est à partir de 2004 que Ségolène va se (faire) forger une image de présidentiable au niveau du top management, c'est-à-dire l'Elysée. La stratégie : apparaître le maximum consensuelle et ne pas trop s'impliquer là où ça chauffe. Exemple : lors de la campagne pour le référendum sur le TCE, Ségolène se fait discrète. De même, au Congrès du Mans du PS, elle se garde bien de se mettre trop en avant. Comme ils disent dans Le Monde, le journal de révérence (à Sarkozy), "elle cultive une image de candidate au-dessus de l'appareil du parti". Et ça commence à payer. Un sondage en 2005 la donne en tête parmi les présidentiables socialistes. La graine est semée, il va suffire de l'arroser, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie...
La machine Royal est lancée et rien ne pourra l'arrêter. A l'occasion de la crise du CPE en 2006, Ségolène tente une OPA sur la jeunesse en se peopolisant dans les médias auprès de vedettes du show-biz comme Jamel Debbouze ou Diam's. C'est d'ailleurs sur un plateau de télévision (l'émission Le Grand Journal sur Canal+) qu'elle évoque sa possible candidature à la candidature. Ségolène adore les médias et se faire photographier et filmer, avec ses enfants et à leur naissance, en bikini sur la plage... Elle joue sur le côté "regardez comme je suis belle et pourtant j'ai plus de 50 ans". Des internautes lui ont donnée un nom assez bien trouvé : "la dame aux caméras". Mais dans sa stratégie marketing, Ségolène - ou plutôt sa conseillère en communication Nathalie Rastoin, directrice générale France d'Ogilvy & Mather, 2e groupe publicitaire mondial - ne se contente pas de promouvoir l'emballage, notamment la tenue vestimentaire (habillée le plus souvent en blanc, symbole de la pureté, mais aussi en bleu et rouge pour rappeler le drapeau national, et enfin en cuir noir lorsqu'elle s'adresse aux d'jeuns). Elle innove aussi en renouant les liens avec la base militante du parti socialiste et sa fameuse "démocratie participative". Exit les meetings, place au contact direct, au "one-woman-show". Dans la foulée, elle lance son slogan : "Désirs d'avenir". Cela ne veut pas dire grand chose, hormis si on est suicidaire, mais c'est consensuel. S'appuyant sur Internet et son fils Thomas pour diffuser la bonne parole et inviter les internautes à construire avec elle son programme (c'est la "ségosphère"), elle attire de nouvelles adhésions au parti socialiste grâce au prix attractif de 20 Euros (comme un billet Prem's de la SNCF, non échangeable et non remboursable). Les autres candidats à la candidature (Fabius et Strauss-Kahn) sont largués et se feront mangés tout cru lors du vote des militants qui ne respectent plus les consignes de leurs leaders.
La paix des braves(itudes)
A peine élue à la candidature officielle, Ségolène Royal connaît un trou d'air et se fait moquée chaque fois qu'elle ouvre la bouche (notamment suite à sa fameuse pseudo-boulette "bravitudienne"). Soutenue par une majorité de militants, elle est isolée par les caciques du PS qui détiennent toujours le pouvoir et cherchent à le monnayer. Ainsi, après avoir constitué une équipe de campagne resserrée autour de personnalités nouvelles comme l'incontrôlable et facétieux Arnaud Montebourg, elle est obligée de l'ouvrir finalement aux éléphants qui travaillent dès lors à son "Pacte présidentiel". En clair, on prend les mêmes et on recommence, sauf la tête de gondole qui change. Dès lors, les désirs d'avenir deviennent plus flous, édulcorés par rapport aux propositions des militants. Son programme est d'une banalité affligeante.
Travailleuses, travailleurs, au boulot
La première mesure de Ségolène Royal conviendrait à tout bon libéral qui se respecte : "relancer la croissance pour travailler tous". La réduction du temps de travail ? Une mesure de feignasses, comme si le partage du travail (genre les 35h) avait permis de créer de l'emploi et qui plus est était une valeur de gauche ! Non mais, ça va pas la tête ! Le Parti socialiste, ou plutôt le Parti libéral de gauche ou plutôt le Parti social-démocrate, s'est rangé au dogme de la croissance des richesses pour vaincre le chômage et éventuellement éponger la dette publique qui représente la 2ème dépense de l'Etat après l'éducation. Elle invoque ainsi le soutien aux entreprises qui créent de l'emploi. Par contre, rien sur les fonctionnaires... Sans déc', il est où le socialisme là ? Et c'est pas fini : rien sur la lutte contre la flexibilité, source de la précarité. Au contraire, Ségolène prône le "donnant-donnant : pas d'assistanat mais des droits et des devoirs" et "la valeur travail par la sécurité pour les salariés et la fin de la précarité (sic)". Traduction : dans les pays anglo-saxons, on appelle ça la "flex security". Emploi jetable, de courte durée mais protection sociale et ASSEDIC garanties pour survivre. Ouaaaaaais ! Les jeunes vont a-do-rer et puis ça a une autre gueule que le CPE. Tout ça emballé avec du "désir d'avenir", franchement on ne peut que kiffer grave !
Des sous, sans dessus dessous
On ne sait pas trop si Ségolène veut augmenter les impôts mais en tout cas elle veut donner plus de sous pour lutter contre "la vie chère" (on se croirait chez Intermarché), revaloriser les retraites (c'est que ça vote les vieux), construire 120 000 logements sociaux par an (c'est moins que le 1 million d'Arlette mais compte tenu de la pénurie de main-d'oeuvre dans le bâtiment, va falloir faire appel aux immigrés, avec ou sans papier), financer la recherche (va falloir donner beaucoup pour éviter la privatisation en cours). Pour la dette, on verra plus tard (mieux vaut ne pas faire de promesses...).
L'écho-logique
Là où Ségolène Royal fait fort, c'est qu'elle veut à la fois plus de croissance et "l'excellence environnementale". Franchement, ça ne veut pas dire grand chose parce que l'urgence écologique est incompatible avec la croissance de la production. En fait, si je lis entre les lignes, la reine du Poitou veut développer une économie basée sur le développement durable avec des emplois correspondant aux activités qui lui sont liées (ce qu'elle appelle "les éco-industries") mais sans remettre en cause le développement traditionnel basé sur le gaspillage des ressources et la destruction de l'environnement. Deux modèles de développement parallèles qui se font écho sans se mélanger. Encore une mesure consensuelle !
Juste un peu d'ordre
Dans ce contexte, la lutte contre l'insécurité se veut elle aussi consensuelle et pour tout dire bien gnan-gnan. Elle déclare ainsi dans son livret de propagande, attention préparez vos mouchoirs : "je veux réaliser, pour chaque enfant né ici, ce que j'ai voulu pour mes propres enfants". Cette belle envolée lyrique a ému Christiane Truffart, 74 ans, qui ajoute : "[Ségolène] est ferme avec ceux qui ne respectent pas la règle, mais elle donne en même temps sa chance à chacun" grâce par exemple au "développement des centres éducatifs renforcés", traduisez des camps militaires de redressement ou clubs Méd' mais uniquement pour Méditerranéens bien typés... Et encore, ce n'est rien par rapport à ce que nous prépare Nicolas W. Sarkozy.
Vive la France libre ! (nan, c'est une blague)
Non contente de nous donner des désirs d'avenir, Ségolène Royal veut nous rendre plus forts et notamment nous libérer de la protection militaire de l'OTAN. Enfin, elle ne le dit pas comme ça, c'est plus subtil bien sûr puisqu'elle parle du lien entre l'Europe et l'OTAN. En tous les cas, elle se démarque de Sarkozy qui revendique lui son attachement à l'atlantisme donc aux Etats-Unis. En fait, j'ai un gros doute sur la sincérité de cette déclaration vis-à-vis de l'OTAN car François Hollande et Arnaud Montebourg, attention les p'tits gars c'est du lourd, sont membres d'une fondation franco-américaine appelée "French American Foundation" qui a pour but de former des "Young Global Leaders", hérauts de l'entente cordiale entre la France et les Etats-Unis. Comme ça rien de bien méchant. Sauf que sont passés par cette organisation des gens qui a priori ne devraient pas avoir de choses en commun (des responsables politiques de droite et de gauche par exemple) et qui reçoivent une formation de quelques maîtres du monde comme David Rockfeller ou Henry Kissinger. Que sont donc allés faire Montebourg (2000) et Hollande (1996) à la FAF où l'on retrouve également des grands noms de la finance, de l'industrie et des médias ? Tisser des réseaux sans doute. Mais quand Ségolène dit "je ne suis liée à aucune puissance d'argent, aucun lobby, aucun groupe d'intérêt, [...], je suis une femme libre", doit-on la croire ? Si à la rigueur c'est vrai pour elle seule, cela l'est nettement moins pour son entourage... Dans ces conditions, on comprend mieux ses réticences à vouloir la 6e République et même les concessions acceptées par Montebourg son promoteur initial.
Désir à venir
Ségolène Royal veut "faire gagner la France". Le contraire aurait été étonnant. Mais comme tous les autres, elle veut d'abord gagner pour elle seule. Dans Ségolène, il y a "égo" et le sien est bien ancré. Elle met en avant sa condition de femme battante (pas encore battue) pour renouveler la politique en France comme Michelle Bachelet (est sensée l'avoir fait) au Chili. Certes, c'est un argument valable et intéressant. Mais pour quelle politique ? Ce que j'ai retiré de son programme ne m'incite guère à beaucoup de désir, ni d'avenir avec cette dame.
Mais le pire, c'est que ce n'est pas la pire. Le fiel suinte autre part.
La suite demain...
01 avril 2007
Pâté de campagne présidentielle 2007 - Viva la revolufion !
Arlette bientôt à Malibu
Ancienne employé du Crédit Lyonnais, Arlette Laguillier, 67 ans, a sans doute plus milité que vraiment travaillé. Représentant "le camp des travailleuses et des travailleurs", elle se présente pour la 6ème et dernière fois à l'élection présidentielle après ses deux bons scores en 1995 (5,2 %) et 2002 (5,7 %). Elle est devenue tellement incontournable, un personnage, que personne n'écoute vraiment ce qu'elle dit. Son immuabilité, tant par sa présence que par le contenu de son discours, l'a rendue populaire au-delà de sa propre sphère électorale (chantée par Souchon et starisée par sa marionnette des Guignols). Son parti, Lutte Ouvrière, dont elle est une des fondatrices en 1968, reste une structure obscure dirigée par Robert Barcia, dit Hardy, un chef d'entreprise soupçonné d'être lié à l'industrie pharmaceutique. Ce dernier écrira un livre racontant l'histoire de Lutte Ouvrière.
Comme pour le FN incarné par son fondateur, Lutte Ouvrière c'est Arlette et elle seule et entretient encore et toujours le mystère sur LO en choisissant de pas dévoiler son équipe de campagne. Viscéralement anti-capitaliste, elle se présente comme la seule vraie communiste, accusant (à juste titre) le PCF de "gérer le capitalisme", lequel en participant aux gouvernements socialistes a perdu son âme révolutionnaire et a légitimé des décisions très éloignées de son idéologie (exemple de la privatisation d'Air France par Gayssot).
Le problème de LO et d'Arlette Laguillier est de convaincre "les travailleurs" que le communisme n'est pas mort et que voter pour le Front National qui a su capter l'électorat ouvrier et des petits employés n'est pas une bonne solution. Mais aujourd'hui, son principal concurrent, c'est Olivier Besancenot avec qui elle a refusé de s'allier alors que leurs différences idéologiques sont minces, ce qui créé quelque peu une confusion qui pourrait leur être fatale à tous les deux.
Vivement la retraite pour Arlette, sous le soleil de Malibu !
Le facteur sonne toujours deux fois
C'est devenu lui aussi une vedette. Olivier Besancenot, 32 ans et encore une fois benjamin de l'élection, rempile en se présentant à la présidentielle après un score remarqué de 4,25 % en 2002. Titulaire d'une maîtrise d'histoire contemporaine, il a choisi facteur, un métier de lettres... Exerçant à Neuilly, la ville la plus riche de France et dirigée par un certain Sarkozy Nicolas, il est plus facilement médiatisable. Jeune, intelligent, parlant bien et, ce qui ne gâte rien dans notre société de l'image, beau gosse, Olivier ne pouvait que plaire. D'abord à son parti, la Ligue Communiste Révolutionnaire et son mentor, Alain Krivine, qui voit en lui une manière de redynamiser un parti à l'image controversée. Et puis aux jeunes fascinés par Che Guevara dont Besancenot se réclame et à son côté libertaire. Comme Arlette, il sait parler simplement mais il sait mieux qu'elle communiquer dans les médias, ce qui lui vaut de passer régulièrement au zapping sur Canal+ grâce à de petits coups d'éclats souvent préparés à l'avance.
Comme LO, la LCR refuse toute alliance de gouvernement avec le Parti socialiste. Cette stratégie "indépendantiste" pourrait ne pas avoir le même écho qu'en 2002 où les leçons de l'éparpillement des voix socialistes vers les "petits" candidats de gauche auront sans doute été retenues. D'un autre côté, c'est la seule façon à la LCR de continuer à exister, contrairement aux choix faits par le PCF et les Verts qui en affichant leurs désirs de participer à un gouvernement socialiste, prennent le risque d'être totalement atomisés.
Buffet froid
Après la déroute de Robert Hue en 2002 et ses 3,4 %, le PCF continue son entreprise d'auto-démolition programmée. Le coup de fouet viendra-t-il de Marie-George Buffet, 57 ans, candidate pour 2007 ? La carrière politique de la dame est assez banale : étudiante en histoire, elle entre au PCF en 1969, puis au bureau national de l'UNEF. Elle bosse un peu comme secrétaire de commune puis est rapidement embauchée par le Parti comme secrétaire de la fédération des Hauts-de-Seine. Elue en 1977 comme adjointe au maire de Châtenay-Malabry (92), elle se fait remarquer par Bob (Hue coco) qui l'a fait rentrée au Comité central puis au bureau national en 1987. A peine élue députée du 9-3 en 1997, elle entre au gouvernement de Jospin comme ministresse de la Jeunesse et des Sports et se fait connaître par sa pseudo-lutte contre le dopage et surtout profite de la victoire des footeux en 1998 pour la Coupe du Monde dont elle chapeaute le déroulement. En 2001, elle devient la patronne du PCF et laisse Bob, son ancien mentor, aller au casse-pipe à l'élection présidentielle de 2002.
Marie-George est une maline. Elle a compris que le communisme tout seul n'arriverait à rien. Après avoir collaboré avec les socialistes pendant 5 ans et le résultat électoral calamiteux de 2002, il fallait changer l'image du PC. Elle s'est alors tournée vers le milieu militant associatif (mouvements de chômeurs, défense du droit d'asile, DAL, etc.) et a joué l'ouverture avec les autres partis de gauche. Lors du référendum sur le TCE, elle a financé les meetings unitaires permettant à la gauche anti-libérale de parler d'une seule et même voix. La victoire du non l'a poussée à rééditer cette stratégie pour la campagne présidentielle. Sauf qu'elle a pris ses anciens partenaires pour des benêts de compétition qui voulaient bien de ses sous et de son soutien mais pas de son leadership. Résultat des courses : le buffet de Marie-George risque d'être bien froid le 22 avril prochain...
Gentil coquelicot
C'est le symbole choisi par José Bové pour faire campagne car c'est une fleur, donc inoffensif, et surtout un marqueur de pollution. Une sorte de tacle aux Verts et à leur fleur de tournesol. L'entrée de José Bové dans la campagne n'est pas banale. Après le succès de la campagne des "anti-libéraux" contre le non au TCE, les luttes de pouvoir politique ont déchiré les espoirs d'une candidature unitaire au scrutin présidentiel, chaque camp cherchant à tirer la couverture vers soi. Il aura fallu le lancement d'une pétition sur Internet et le recueil de 40 000 signatures en deux semaines demandant à Bové de se présenter au nom des alter-mondialistes pour que ce dernier accepte en déclarant que "cela faisait longtemps que ça lui démangeait dans le bas-ventre"... Surtout sa possible incarcération après sa condamnation pour le fauchage de maïs OGM a jeté sur lui les feux médiatiques qui l'ont plus servi que desservi.
Moi, j'aime bien José. On a d'abord des points communs : il a vécu à Talence où d'ailleurs il est né et à Bazas où il a été caché par des amis pour échapper au service militaire. Il a une gueule sympa, il dit ce qu'il pense (ou presque...), il est nature, rigolo, vrai écolo et contrairement à Voynet, il n'a pas envie de s'associer au PS pour avoir une tranche de pouvoir ou des élus. En plus, il est le seul candidat à maîtriser parfaitement l'anglais et l'espagnol, c'est un vrai internationaliste ou comme on dit "un citoyen du monde". Même si on entend peu parler de lui dans les médias hormis à la rubrique judiciaire, son audience est réelle, notamment chez les intellos de gauche, les enseignants, les écolos "nonistes" du TCE mais aussi auprès des nombreux précaires jeunes et moins jeunes. Le problème pour Bové, c'est qu'il est arrivé un peu tard dans cette campagne et que tant son programme que ses idées restent assez brouillonnes. A l'image de son équipe de campagne où domine l'amateurisme, notamment dans l'organisation de ses meetings (j'en ai vu un à pisser de rire sur la chaîne parlementaire dont j'aimerais bien trouver la vidéo pour la mettre en ligne : c'est filmé par un caméraman parkinsonnien, les micros ne fonctionnent pas, le projo sensé éclairer la scène est tellement puissant qu'il aveugle tout le monde, bref du Groland...)
Avec Schivardi, ça chie pardi !
Vous ne le connaissiez pas ? Moi non plus. Pas besoin de trop s'étaler sur ce brave homme, maire de Mailhac, une commune rurale du Minervois et candidat du Parti des Travailleurs, parti qui a fait l'objet de suspicions, notamment lorsque Lionel Jospin, en 2001, nia tout lien avec cette organisation dont il a pourtant été membre dans sa jeunesse (il faut dire que le parti des travailleurs est lui-même un peu compliqué à comprendre car éclaté en plusieurs courants).
La tronche d'alcoolo de Schivardi et son accent roccailleux du midi le rendent pas franchement avenant pour les urbains, contrairement à son directeur de campagne, Daniel Gluckstein, qui lui-même s'était présenté en 2002. Ancien membre du PS, il est élu conseiller général de l'Aude en 2001 contre le candidat officiel du PS et contre "l'intercommunalité forcée", accusée de faire perdre aux petites communes leur indépendance. Se définissant comme le représentant des maires de France, il a dû changer son slogan et ses affiches suite à la plainte légitime de l'Association des Maires de France. Son leitmotiv de campagne : l'Europe, fossoyeur de la France. Un souverainiste de gauche défenseur des services publics et de la ruralité. Dans cette optique, son principal concurrent est le mouvement Chasse, Pêche, Nature et Traditions mais avec un fond idéologique bien plus affirmé (les chasseurs doivent regretter la gouaille du béarnais Jean Saint-Josse et le pâlot Frédéric Hihous risque de pêcher bien moins de voix que son prédécesseur).
A vos Ché !
Hormis Bové qui tirera peut-être le mieux son épingle du jeu, les autres candidats anti-libéraux vont se faire ramasser. La France est un pays bien trop conservateur pour envisager une révolution. A la limite, de velours, comme dans les pays d'Europe de l'Est (où la CIA a financé et accompagné les mouvements anti-communistes pour renverser les régimes politiques dictatoriaux en place). Un candidat se positionne aujourd'hui clairement sur ce créneau. Il s'appelle "Ernesto Gai Bayrou" et il prône "la révolution tranquille", après sans doute que Sarkozy ait abandonné son premier slogan de campagne "la rupture tranquille" (accoler deux mots au sens opposé, on appelle ça un oxymore). Bayrou serait-il le Gandhi français ? Réponse dans le prochain pâté de campagne avec également pour terminer ce politic show les vedettes Sarko-cowboy et Ségo-gogirl ! Venez nombreux !
11 mars 2007
Pâté de campagne présidentielle 2007 - La France en noir et (surtout) blanc
21 avril 2002. Impossible d'oublier cette date. C'est un coup de tonnerre : Jean-Marie Le Pen se retrouve au second tour de l'élection présidentielle face à Jacques Chirac. La France a peur. Ou plutôt "on" nous demande d'avoir peur et de "faire barrage" au Front National en votant massivement pour le représentant de la droite autoproclamée républicaine incarnée par Chirac, héros malgré lui. A l'initiative de la gauche et notamment du Parti Socialiste, des manifestations monstres sont organisées partout en France pour frapper les consciences sur le danger "fasciste" Le Pen qui, avec 17 % de votants, menacerait le pays. On connait le résultat de cette manipulation des foules. Chirac est élu avec 82 % des voix et alors qu'on attendait un gouvernement de coalition pour ressouder le pays autour des valeurs républicaines qui l'avaient ainsi porté une nouvelle fois au pouvoir, Chirac a nommé un incompétent comme lui au poste de Premier Ministre en la personne de Raffarin (plus nul, tu meurs), lequel a constitué un gouvernement bien ancré à droite. Aux élections législatives qui suivirent, le FN n'obtint plus que 11 % des suffrages et aucun député.
Touche pas à mon poste
Le Pen représentait-il réellement un danger ? Le Pen est un homme politique hors pair, un tribun qui maîtrise comme personne la langue française et possède une grande culture. En cela, il est charismatique et nul doute que lorsqu'il disparaîtra de la scène politique, c'est-à-dire bientôt, le Front National qu'il incarne à lui tout seul sombrera. Ce n'est pas un hasard si comme Arlette Laguiller pour Lutte Ouvrière, il se présente à nouveau à la présidentielle. Il est le seul à pouvoir autant rassembler et s'imposer comme le maître à bord du "Paquebot" (nom du siège du Front National). Le félon "Mégret" qui avait tenté un putsch en créant le MNR n'a pu que constater son impuissance à jouer les leaders nationalistes et a dû se résoudre après moultes condamnations judiciaires dans sa gestion de la Mairie de Vitrolles à regagner les pénates du FN, espérant sans doute, devenir calife à la place du calife.
La facture de la fracture
La base électorale du FN est connue. Hormis un noyau dur de nationalistes nostalgiques de Pétain, le FN s'est surtout imposé dans les couches populaires qui se sont senties abandonnées par la gauche et les politiques privilégiant le capital au détriment des salaires et de l'emploi. La mondialisation, les principes de subsidiarité de l'Europe sur les lois nationales et l'adoption de l'Euro ont été vécus comme des actes de trahison par le peuple ouvrier et les paysans qui ont pris de plein fouet la dérégulation économique et financière et la remise en cause des droits sociaux. Le chômage, la misère en sont les conséquences et face à la complicité des partis au pouvoir à entretenir cette "fracture sociale" comme dirait le bon docteur Chirac, le Front National, bien que très libéral (à travers le démantèlement des services publics par exemple), n'a eu aucune peine à séduire les plus fragiles et parmi eux quelques francs neu-neus (voir cette séquence du zapping à la minute 1:54) en stigmatisant le "tous pourris" (hélas souvent fondé) de la classe politique dirigeante et en désignant un coupable fantasmagorique incarné par l'immigré qui pillerait indûment le pays (allocations, logement réservé, soins gratuits, etc.) comme l'Europe de Bruxelles pillerait notre souveraineté par ses lois iniques. En a découlé le slogan "Les Français d'abord", certes simpliste mais efficace car facile à comprendre et à s'identifier.
Enfin, comme tous les partis situés aux extrêmes de la carte politique, le FN attire aussi le vote contestataire de gens plutôt de gauche. Cela a été le cas en 2002, ce le sera également cette année. Certains comme Dieudonné (hou, le vilain méchant antisémite !) ont laissé croire qu'un vote massif en faveur de Le Pen pourrait contribuer à faire exploser le système (Dieudonné votera Bové au 1er tour mais ne dit pas non à un vote Le Pen s'il est au second tour...) afin de bâtir une nouvelle République.
Le zozo du zoo
Le FN fait peut-être peur mais son assise politique aujourd'hui n'est pas celle d'un grand parti. Depuis 2002, il ne dispose d'aucun parlementaire, sauf 5 députés au Parlement Européen (dont Le Pen lui-même). Il ne contrôle aucune région, aucun département, aucune structure intercommunale, seulement deux communes de taille modeste (Orange, 30 000 habitants, dirigée par le traître Jacques Bompard aujourd'hui proche de De Villiers, et Chauffailles, mégalopole de 4 500 habitants, située en Saône-et-Loire...). Cela n'a pas été cependant le cas par le passé.
Créé en 1972, le Front National est resté groupusculaire jusqu'en 1981, date à partir de laquelle François Mitterrand, alors Président de la République, va instrumentaliser Jean-Marie Le Pen à des fins électorales. Pour mieux le faire exister, il le médiatise et demande à Julien Dray, alors responsable du syndicat étudiant UNEF (sous-marin du Parti Socialiste), de créer un grand mouvement de jeunesse sur un thème facilement fédérateur. L'association SOS Racisme était née et grâce à elle, le Front National ne s'est jamais aussi bien porté et a pu essaimer ses idées "humanistes" sur les immigrés venant de pays pauvres (Afrique, Moyen-Orient et Europe de l'est) auprès des autres partis de droite gouvernementale. On se souviendra ainsi de la fameuse phrase de Chirac sur le bruit et les odeurs des étrangers prononcée en 1991. De même des accords de liste passés entre le RPR et l'UDF (Bayrou s'en souvient-il ?) avec le Front National lors des élections régionales en 1986 puis des accords de gestion en 1998 pour diriger des Conseils généraux et surtout régionaux (Languedoc-Roussillon, PACA, Lorraine, Picardie). Lors de son allocution d'adieu (snif), Chirac (même pas peur) qui a déclaré "aimer la France et les Français", s'est fendu d'un avertissement contre "le poison de l'extrémisme, de la xénophobie et de l'antisémitisme". Gonflé... mais du 100 % Chirac.
Ces alliances de la droite "républicaine" avec le FN banalisent les idées de ce dernier. Aujourd'hui, sous la houlette de Nicolas Sarkozy, l'ex-RPR devenu UMP n'a plus peur d'afficher des valeurs communes avec le FN et donc de draguer sans complexe une partie de son électorat. On invite dorénavant plus facilement Jean-Marie Le Pen (mais aussi sa fille, dauphine naturelle) faire le zozo sur les plateaux de télévision, comme si, finalement il faisait parti du zoo politique au sein duquel on lui a construit sa cage. Le jeu est totalement hypocrite car on ne sait pas si cela sert le FN ou le dessert. D'un côté, Jean-Marie Le Pen n'arrive pas à obtenir (comme chaque fois qu'il se présente) ses 500 parrainages (Sarkozy a heureusement promis de l'aider pour montrer aux électeurs tentés par le FN qu'entre lui et Le Pen, on pouvait s'entendre) et de l'autre, il est crédité de 15 % des intentions de vote, comme en 2002... L'Histoire se répèterait-elle ?
Encore une fois, les grands partis et les medias qui leur sont inféodés (c'est-à-dire quasiment tous) rejouent à nous faire peur afin de mieux orienter notre vote (le fameux vote "utile"). Le FN est une variable d'ajustement électorale dont se servent au gré de leurs intérêts UMP et PS. Dans ces conditions, tout sera fait pour qu'il n'ait jamais le pouvoir ou dit autrement que le système politique et institutionnel reste tel quel, anti-démocratique. Je précise, au cas où, que je ne fais pas ici l'apologie du Front National avec qui je ne me sens pas la moindre affinité idéologique, ni ne partage les goûts et les couleurs (ou plutôt son absence). C'est juste un constat et ce raisonnement concernant la confiscation du pouvoir par le tandem UMP-PS vaut pour tous les autres partis, y compris le parti pro-révolutionnaire de Che Gai-Bayrou (j'y reviendrai dans le billet qui lui sera consacré).
Le Vicomte est bon
Peu de choses séparent le FN de son frère ennemi, le Mouvement Pour la France créé en 1994 et dirigé par - inspirez un grand coup - Monsieur le Vicomte Philippe Le Jolis de Villiers de Saintignon (... dans ta gueule). Toutefois, à l'inverse de Jean-Marie Le Pen, De Villiers cumule les mandats politiques. Elu député à l'Assemblée nationale dès le 1er tour depuis 1988 et, depuis cette même année, Président du Conseil général de Vendée qu'il considère comme son royaume, De Villiers est également depuis 2004 député au Parlement européen (il a abandonné son siège à l'Assemblée nationale pour cause de cumul des mandats). Son parcours politique entre les différents partis de droite (UDF notamment) et aux côtés de quelques personnalités sulfureuses (notamment Charles Pasqua avec qui il crée le RPF en 1999) lui a permis de bâtir une assise politique et électorale suffisante pour pouvoir jouer dans la cour des grands. Aujourd'hui, malgré ses 2 % d'intentions de vote, il n'a eu aucun mal à recueillir les 500 parrainages nécessaires à sa candidature à la présidentielle.
Se présentant comme le défenseur de la France qui travaille, Philippe de Villiers tient beaucoup de sa popularité locale aux succès du spectacle et du parc d'attractions du Puy-du-Fou (1 million de visiteurs par an) qu'il a créés et qu'il dirige de main de maître en leur assurant un auto-financement. Une affaire dont il se glorifie pour séduire le monde patronal et les médias...
Le Pieu du Fou contre Allah
L'affichage religieux de Philippe de Villiers n'est un secret pour personne. Catholique chrétien tendance Opus Dei, il vante les valeurs morales de l'Eglise de France et avait proposé lors de la rédaction du projet de Traité Constitutionnel Européen d'y introduire une référence à la chrétienté. Ce qui explique, outre son homophobie (croquée par les Guignols de l'Info), son islamophobie.
De Villiers mène en effet un combat personnel à l'égard de la religion musulmane qu'il considère incompatible avec la République. Aussi, stigmatise-t-il en permanence les musulmans - qui ont le malheur de vivre en marge de la ville (signification éthymologique de la "banlieue") et en marge de la société (aide sociale, marché noir, trafics en tous genres) - qu'il amalgame à des "terroristes islamistes", lesquels représenteraient une menace pour la stablité de notre pays. Sa haine a atteint son apogée lorsqu'il a dénoncé une soi-disante infitration d'islamistes à l'aéroport de Roissy. Par mesure conservatoire, des bagagistes ont été virés sans aucune autre raison que d'être musulman. De Villiers en a fait un bouquin qui lui sert aujourd'hui d'argumentaire électoral de différenciation. Pour en savoir plus sur son discours, très tendance pour qui adhère à la théorie néo-conservatrice américaine du choc des civilisations, je vous conseille de regarder cet échange (18 min) qu'il a eu avec Tariq Ramadan (théologien internationalement reconnu, sauf en France...) dans le cadre de l'émission "Ripostes" de Serge Moati sur France 5.
Philippe de Villiers, de façon encore plus affirmée que Le Pen, défend donc la vraie France. Celle à laquelle tout le monde devrait se convertir. Et si tel n'est pas le cas, on a droit à sa ritournelle : "La France, aimez-là, sinon quittez-là". Cette phrase a été reprise (?) par Nicolas Sarkozy, nouvel héraut de la droite décomplexée. Ce qui n'a cependant pas l'heur de plaire à tout le monde à l'UMP, même si, il faut bien l'avouer, les contradicteurs restent plutôt silencieux, sauf un, un sympathisant islamiste sans doute...
Blanc bonnet et beau nez blanc
Si voter Le Pen m'a un temps effleuré dans la logique révolutionnaire édictée par Dieudonné (mon maître à penser de façon subversive), je ne m'y engagerais pas. Je vote pour des gens qui me proposent un idéal de société dans lequel je me reconnais et pour lequel je donne quitus pour qu'ils le mettent en oeuvre. Je n'en suis pas encore à utiliser les armes d'ennemis pour éliminer d'autres ennemis dans l'optique "détruire le mal par le mal". Je reste encore à convaincre pour appliquer ce choix dialectique. C'est donc sans regret qu'entre Jean-Marie et Philippe, mon nez ira humer d'autres parfums.
A suivre...
A l'occasion de mon prochain pâté de campagne présidentielle, je vous proposerai un grand saut dans le grand soir avec Arlette, Olivier et José, si ce dernier ne se décommande pas au dernier moment... Et tout ça, à la bonne franquette !
02 mars 2007
Pâté de campagne présidentielle 2007 - Voynet, les Verts et autres alcolos, euh non, écolos
A la recherche de la nouvelle star
Avant qu'il ne prenne sa décision de renoncer à être candidat, mais quand même après avoir bien temporisé pour évaluer sa réelle cote de popularité, la star de télévision Nicolas Hulot pouvait se glorifier de plus de 10 % d'intentions de vote. Sa médiatisation à travers son émission écolo-visuelle culte "Ouch ou Aïe Ah" et sa virginité politique (hormis une fréquentation assidue et pas très bien perçue de Chirac alias Super-Ecolo) le rendaient très attractif aux yeux d'une opinion publique séduite par le côté débonnaire du personnage (une espèce de Tintin moderne) et son engagement sincère pour la cause écologiste. En se retirant de la course élyséenne, il a laissé un grand vide que se sont empressés d'occuper les favoris des sondages, tous engagés à travers leur programme, qui dans "l'excellence environnementale" (Royal), qui dans "la révolution écologique" (Sarkozy), qui dans "le futur de nos enfants" (Bayrou). Les Voynet et consorts n'ont aujourd'hui plus que leurs yeux pour pleurer face à ce tsunami teinté de vert opportuniste qui a englouti ce qui constituait leur traditionnel fonds de commerce.
Cette situation me désole. Cela fait plus de 10 ans que je vote pour Les Verts car ils incarn(ai)ent de façon la plus proche mon mode de pensée et mon mode de vie. Mais à l'occasion de cette élection, j'irai piocher ailleurs.
Avec Voynet, on voit pas net
Son attitude est paradoxale. Elle tacle le PS tout en lui faisant les yeux doux pour des accords électoraux aux prochaines échéances. Elle serait d'un autre parti, je dirais que ce serait banal et que c'est le jeu. Très naïvement, je pensais que les Verts pouvaient être différents. Il faut croire que pour la majorité d'entre eux, ce n'est pas le cas.
Ce piteux exemple montre que les Verts et ses leaders sont un parti politique comme les autres et même s'ils sont plus démocratiques que les autres dans leur fonctionnement interne, ils ne peuvent éviter les ambitions personnelles de la course au pouvoir et les intrigues claniques qui émaillent la vie des 8000 adhérents. Un exemple parmi d'autres de ces luttes intestines pour le leadership : hier 1er mars, lors du meeting de Dominique Voynet à Montpellier, la salle a applaudi sagement sa candidate et fait un triomphe à Noël Mamère lors de son discours de soutien, lequel en coulisses ne s'est pas gêné pour la casser en prédisant "une gifle monumentale". Bel esprit d'équipe !
La fin d'un mythe errant ?
A croire que, au final, l'écologie ne peut être portée par un mouvement politique mais doit rester dans la sphère citoyenne, constituée en assocations locales et en groupes de pression nationaux et internationaux. Peut-être aussi que l'écologie politique manque d'un leader charismatique qui pourrait fédérer sous son nom tous ceux qui sont sensibles au développement soutenable de notre planète. Hulot a représenté cet espoir mais sa légitimité politique était contestée par les mouvements écologistes soi-disants a-politiques (de gauche). Qui alors pour le remplacer ? Je crois que c'est clair : a priori, personne.
Donc, chères représentantes de la cause écologiste à la magistrature suprême, ne comptez pas sur moi pour venir glisser mon bulletin portant votre nom dans l'urne le 22 avril. Mais pour les autres échéances électorales, tout reste ouvert car les programmes qui sont présentés me paraissent tout de même intéressants.
A suivre...
Mon prochain pâté de campagne présidentielle avec du bon pen blanc et sans beur, aura comme invités Jean-Marie et Philippe. Aiguisez vos couteaux !
23 février 2007
Pâté de campagne présidentielle 2007 - Mise en appétit
Le régime présidentiel voulu par le Général de Gaulle (un militaire de haut rang donc) avec la Constitution de la 5e République (écrite sur mesure par son aide de camp Michel Debré) n'était (et n'est toujours) qu'une dictature molle où le principe de l'élection au suffrage universel du Président de la République donnait l'illusion d'une démocratie moderne. Mais là où le Président-Général donnait encore quelques gages aux principes démocratiques en recourant notamment au référendum devant les Français pour valider ses orientations politiques, ses successeurs ont confisqué le pouvoir que leur avait donné le peuple en privilégiant la voie gouvernementale au détriment du Parlement et de la consultation populaire. Cet hold-up a conduit à une autocratie qui décribilise chaque jour un peu plus l'action politique et ceux qui en sont les représentants élus.
Contrairement aux autres pays développés, le Parlement (Assemblée nationale et Sénat) n'est au mieux qu'un lieu de réflexion (on y pond parfois d'intéressants rapports) et au pire et hélas bien trop souvent qu'une chambre d'enregistrement où les élus du peuple, la plupart cumulards de mandats locaux, manifestent leur existence en faisant les guignols devant les caméras de télé lors des séances des questions d'actualité. Si quelqu'un connaît le député de sa circonscription et son bilan, je suis preneur !
Notre système politique est totalement sclérosé et malgré les appels de certains (Montebourg, Bayrou, Voynet, Buffet, Bové...) pour aller vers une Sixième République, on ne sent pas une grande aménité de la part des dirigeants en place et sans doute futurs à vouloir vraiment changer les règles, de peur de s'ouvrir au régime démocratique tel qu'on est en droit d'attendre ("pour le peuple et par le peuple") et qui aurait tôt fait de mettre à mal leurs carrière et carriérisme politique.
Or, la crise en France n'est pas tant économique qu'institutionnelle : c'est parce que nos institutions sont faibles et nos élites politiques accros au pouvoir et aux prébendes offertes que l'économique commande au politique. La fameuse phrase du Premier Ministre Jospin sur son impuissance face aux licenciements chez Michelin en 1999 est emblématique de la démission du politique à l'égard des logiques économiques et surtout financières.
La mondialisation (sans garde-fous) présentée comme allant dans le sens de l'histoire et comme explication exogène aux difficultés de notre pays est une argutie répétée à l'envi pour masquer l'incompétence de nos élus et leur absence de volonté à s'auto-réformer. Le système profite à quelques-uns au détriment de tous les autres mais c'est toujours aux autres que l'on demande de s'adapter, de faire des efforts, en invoquant l'immobilisme des Français face au monde merveilleux du néo-libéralisme, le corporatisme des salariés du public, le surnombre de ces fainéants de fonctionnaires, le refus des sacrifices face à la joie et au bonheur de la flexibilité salariale et des emplois jetables, seul rempart contre les délocalisations, l'impossibilité de privatiser librement, etc.
Bref, "le chacun pour sa gueule" érigé en dogme de l'action politique est la seule voie possible à l'alternative "se soumettre ou se démettre". Cette vision des choses est de moins en moins partagée par une majorité de Français et leur défiance vis-à-vis de la mascarade électorale actuelle est on ne peut plus justifiée.
La politique politicienne a pris le dessus sur la vraie politique où le débat idéologique tenait lieu de socle de discussion et de choix des candidats (voir les confrontations télévisées Mitterrand-Giscard). L'adhésion (aveugle) des deux plus grands partis que sont le PS et l'UMP au système capitaliste et au libéralisme efface les différences idéologiques. A tel point qu'aujourd'hui, c'est la forme qui l'emporte sur le fond pour distinguer les différents candidats entre eux et il est parfois difficile de savoir qui s'exprime au nom de qui. Ainsi, lorsque Ségolène Royal, tout comme Jospin déjà en 2002, rechigne à dire que son programme est socialiste, on se dit que le Parti socialiste devrait se rebaptiser "Parti libéral de gauche" ou comme en Allemagne, "Parti social-démocrate".
Face à cette tendance au bipartisme, les "petits" partis ont bien du mal à exister et à coexister. Malgré l'affichage de convictions plus radicales, ils sont trop nombreux pour être identifiés donc crédibles. On dénombre ainsi : 4 partis anti-libéraux (PCF, LCR, LO, Bové and co), 4 à tendance écolo (Les Verts, Cap 21, MEI, La France en action), 2 qui se tirent la bourre sur les immigrés (FN, MPF), 1 qui chasse sur toutes les terres (CPNT), sans compter la nébuleuse des inconnus et farfelus comme le "Parti du plaisir" (sic) dirigé par une certaine Cindy Lee, poupée barbie tout en silicone, surtout à l'avant et qui propose avec ses copines de régler en nature tout parrainage d'élus en sa faveur !
Comme d'habitude, les medias et leur arme favorite, le sondage d'opinion quasi quotidien, tentent de focaliser le débat sur les deux têtes d'affiche UMPS que sont Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Sauf que, voyant l'exaspération des électeurs face au prêt-à-penser proposé, Bayrou s'est invité dans la partie en jouant la carte de la synthèse droite/gauche, balle au centre, et se rêve en outisder pour le deuxième tour, voire carrément élu (parole de la Vierge Marie, dixit Pasqua...).
Mes chers lecteurs-citoyens, ne vous prenez plus la tête. Je suis là. En effet, je vous propose de vous apporter ma modeste contribution en passant en revue nos candidats afin que vous puissiez choisir en toute connaissance de cause. Je vous avertis tout de suite : je peux ne pas être d'une totale bonne foi mais c'est ce qui permettra, j'espère, le débat.
Pour ma part, j'ai déjà fait mon choix mais je ne le vous révèlerai qu'à la fin de ce blog de pâté de campagne présidentielle, soit juste avant le premier tour, hé hé hé...
Le premier candidat à passer à ma moulinette de charcuterie fine sera une candidate en la personne de Dominique Voynet (Les Verts). On l'applaudit bien fort et on l'encourage parce qu'elle en aura bien besoin.
A table !